Android: Google va faire payer les fabricants en Europe, sous certaines conditions

Après avoir été contraint par la Commission européenne de verser 4,3 milliards d'euros pour abus de position dominante sur son système d'exploitation mobile, le géant va modifier les conditions d'utilisation d'Android en Europe.

Google n'a pas le choix. Trois mois après sa condamnation à une amende de 4,3 milliards d'euros pour abus de position dominante par la Commission européenne, le géant américain a annoncé lundi des modifications dans la manière dont il gère Android, son système d'exploitation mobile, en Europe. «Nous pensons qu'Android a créé plus de choix, pas moins. C'est pourquoi, la semaine dernière, nous avons fait appel de la décision de la Commission devant la Cour de justice de l'Union européenne», explique Hiroshi Lockheimer, vice-président de Google en charge des plateformes et des écosystèmes, dans un communiqué. «Dans le même temps, nous avons travaillé sur la manière de nous conformer à cette décision. Nous avons maintenant informé la Commission européenne des modifications que nous allons apporter en parallèle de la procédure d'appel.»

Les fabricants devront payer sous certaines circonstances

En juillet 2017, la Commission européenne avait formellement accusé Google d'entraver la concurrence avec son système d'exploitation mobile Android, qui équipe plus de 80% des smartphones dans le monde. Il a pour particularité d'être donné gratuitement aux fabricants de mobiles, sous certaines conditions. Les autorités reprochent plusieurs choses à ce système. Premièrement, elles accusent le géant du Web d'imposer aux fabricants de smartphones (Huawei, Samsung, etc.) l'installation de son moteur de recherche et son navigateur Chrome s'ils veulent pouvoir proposer Google Play, son magasin d'applications, et d'autres services préinstallés, comme Gmail ou YouTube. Les constructeurs ont aussi pour interdiction de vendre d'appareils fonctionnant sous des versions alternatives d'Android (qui est un système open source), s'ils souhaitent pouvoir préinstaller des applications propriétaires de Google sur leurs mobiles. Enfin, le troisième grief concerne des «incitations financières importantes» consentis par Google à des «gros fabricants» de smartphones et de tablettes, ainsi qu'à des opérateurs télécoms, pour «préinstaller exclusivement Google Search sur leurs appareils».

Pour Google, ces reproches ne sont pas fondés, car les contrats proposés sont effectués sur la base du «volontariat». Par ailleurs, l'entreprise explique compenser les coûts de développement d'Android au travers de l'exploitation de ses applications et autres services, utilisés sur les smartphones de ses partenaires. Néanmoins, même s'il a fait appel, le groupe américain a été forcé de répondre aux reproches de la Commission. Il va notamment proposer un «nouvel accord de licence payante» pour les smartphones et les tablettes qui souhaitent préinstaller les applications mobiles de Google (comme YouTube, Gmail ou sa boutique d'applications Google Play) sans forcément embarquer son moteur de recherche et son navigateur Chrome. Cela signifie que les fabricants devront verser de l'argent à Google s'ils souhaitent proposer ses applications par défaut sur leur smartphone, tout en préinstallant des services concurrents dans la recherche et la navigation Internet (par exemple, le moteur de recherche Qwant et le navigateur Mozilla Firefox).

Par ailleurs, à partir du 29 octobre, les partenaires de Google pourront construire des smartphones utilisant des versions «fork» (alternatives) d'Android, tout en distribuant les applications officielles du géant du Web. Ces changements concernent uniquement les pays de l'Espace économique européen.

Il ne s'agit pas du seul grief de la Commission européenne contre Google. Déjà en 2017, le géant avait été condamné à une amende record de 2,42 milliards d'eurospour anticoncurrence sur Google Shopping, son comparateur de prix. Une troisième enquête est toujours en cours sur ses pratiques publicitaires.