Presqu’un Belge sur deux est en état de “fracture numérique”

En Belgique, les disparités liées au numérique ne s’affaiblissent pas.

Déjà en 2020, le Baromètre de l’Inclusion numérique révélait pour la première fois l’ampleur des fractures numériques dans notre pays. Ses résultats démontraient que de nombreuses personnes ne bénéficient pas des possibilités offertes par le numérique, ce qui avait pour effet d’entraver leur accès à certains droits sociaux. Par exemple, à l’éducation ou aux soins de santé.

Le bilan de l’édition 2022 n’est pas plus édifiant. Il conclut que de nombreux Belges n’ont pas trouvé de place dans le train digital déjà en marche. “Les personnes vulnérables sur le plan socio-économique et culturel bénéficient moins de la numérisation croissante que les personnes privilégiées“, peut-on lire en guise d’introduction.

Une bonne nouvelle cache en fait une difficile réalité
Depuis environ dix ans, le taux de connexion à Internet au domicile des ménages belges n’a cessé d’augmenter. “En 2021, 92 % des ménages belges disposent d’une connexion Internet à leur domicile”, commence le rapport. Cela représente une hausse de 15% sur la dernière décennie, et une hausse de 2% depuis 2019. Aujourd’hui, le taux de connexion à Internet au domicile des ménages belges s’élève à 92%. Un taux qui se situe dans la moyenne des pays de l’Union européenne.

Pourtant, “derrière ces 92% de ménages aujourd’hui connectés à Internet depuis leur domicile se cachent des disparités historiques”, regrette la fondation. En 2021, près d’un ménage pauvre sur cinq, soit 18%, ne dispose pas de connexion à Internet à son foyer. Nous parlons ici de 183 000 ménages.

Pas d’Internet à domicile
Ces deux dernières années, les ménages belges aux bas revenus ont peiné à s’équiper numériquement. D’ailleurs, parmi les ménages dont les revenus sont inférieurs à 1.400 euros en Région de Bruxelles-Capitale, les résultats montrent une faible hausse du taux d’accès à Internet. D’après l’enquête, un répondant sur trois ne dispose pas d’une connexion Internet parce qu’il ne sait pas la faire fonctionner. Et pour plus d’un répondant sur deux, la connexion Internet se fait généralement dans la rue.

Les coûts des abonnements télécoms, réputés pour être particulièrement élevés dans notre pays, continuent de constituer l’un des principaux freins à la possession d’une connexion Internet à domicile, affirme la fondation. Et ce, surtout en période de crise. Mais ce n’est pas tout.

Un manque de compétences numériques
“Avec 39% de personnes disposant de faibles compétences numériques en 2021, la Belgique se situe au-dessus de la moyenne européenne (34%)”. Contre 14% aux Pays-Bas.

Mauvaise nouvelle, ce chiffre augmente au fil des années. En tout, la part des individus exposés à des situations de vulnérabilité numérique s’élève à 46%. C’est près d’un Belge sur deux âgé de 16 à 74 ans. En 2019, on en comptait 40%. Par “individus exposés à des situations de vulnérabilité numérique“, il faut comprendre, “non-utilisateurs ou disposant de faibles compétences numériques”. Le sexe, le niveau de diplôme et le niveau de revenu sont trois variables non négligeables.

Cette augmentation de près de 10% serait liée au fait que les compétences numériques ont tendance à évoluer globalement assez lentement et au fait que les compétences numériques ne sont pas des compétences stables. “Pour les individus peu compétents, cette évolution des exigences en matière de compétences numériques les expose potentiellement plus que d’autres à des difficultés de compréhension et d’apprentissages de ces dernières, alors qu’ils n’en maîtrisent déjà que peu ou prou les bases”, constate le rapport.