2000 personnes arrêtées pour “escroquerie amoureuse”

Interpol a arrêté plusieurs milliers de personnes dans le cadre d’une vaste opération anti-escroquerie dans le monde entier.

Dans le cadre d’une répression mondiale des escroqueries dites d’ingénierie sociale, Interpol a arrêté des milliers de suspects et saisi des millions de dollars d’avoirs acquis illicitement. Et ce, au cours des deux derniers mois.

À savoir que l’ingénierie sociale est une technique de manipulation. Les cybercriminels l’utilisent pour inciter leurs victimes à partager des informations confidentielles.

Une opération de grande ampleur
L’opération porte le nom de code “First Light 2022”. Elle s’est déroulée de mars à mai. En tout, cela représente plus de 1 700 descentes, l’identification de 3.000 suspects, 2.000 arrestations, 4.000 comptes bancaires gelés et 50 millions de dollars d’actifs illicites saisis. Parmi les 2.000 personnes arrêtées figurent des opérateurs de centres d’appels et des fraudeurs, ainsi que des blanchisseurs d’argent.

“Le caractère transnational et numérique de différents types d’escroqueries aux télécommunications et à l’ingénierie sociale continue de poser de graves problèmes aux autorités de police locales”, a déclaré Duan Daqi, chef du Bureau central national Interpol de Beijing. Et ce, “car les auteurs opèrent depuis un autre pays, voire un autre continent, que leurs victimes et actualisent sans cesse leurs stratagèmes”. Sur la même lignée, Rory Corcoran, le directeur du Centre Interpol de lutte contre la criminalité financière et la corruption (IFCACC) complète, “le caractère international de ces infractions ne peut être combattu avec succès que si les services chargés de l’application de la loi travaillent ensemble au-delà des frontières, et c’est pourquoi Interpol est indispensable pour apporter aux polices du monde entier une réponse tactique coordonnée”, a ajouté M. Corcoran.

De la fraude par les sentiments
“La fraude par ingénierie sociale désigne les escroqueries qui manipulent ou incitent les gens à donner des informations confidentielles ou personnelles qui peuvent ensuite être utilisées à des fins financières criminelles”, explique Interpol dans un communiqué. Et, mauvaise nouvelle, les infractions de ce type sont globalement en hausse depuis le début de la pandémie de coronavirus. Les plus populaires sont les escroqueries d’“enrichissement rapide” et de “romance”. Les cibles sont principalement les personnes âgées. En effet, elles sont les moins averties contre les menaces en ligne et souvent sujettes à la solitude.

Par exemple, un ressortissant chinois aurait escroqué près de 24.000 victimes pour un montant de 34 millions d’euros. Son arrestation a eu lieu en Papouasie-Nouvelle-Guinée et les autorités l’ont renvoyé en Chine via Singapour. De même, grâce aux renseignements échangés dans le cadre de l’opération, la police de Singapour a sauvé un adolescent victime d’une escroquerie. Il était tombé dans un piège et simulait un kidnapping en envoyant à ses parents des vidéos de lui avec de fausses blessures. La rançon demandée en échange de sa libération s’élevait à 1,5 million d’euros.

De nouvelles tendances
Dans le cadre de cette enquête, Interpol a aussi pu détecter et se renseigner sur un certain nombre de tendances émergentes. Par exemple, sur la façon dont les trafiquants de drogue blanchissent de l’argent par le biais des comptes bancaires personnels de leurs victimes, ou encore, sur la façon dont des criminels qui se font passer pour des fonctionnaires de banque incitent leurs victimes à communiquer leurs données de connexion en ligne par le biais de la fraude vishing.

À savoir que le vishing est une arnaque vocale. Son but est de conduire ses cibles à faire des choses qu’elles pensent être dans leur intérêt. Par exemple, stopper un supposé programme malveillant grâce à l’intervention d’un “technicien”. Et ce, bien sûr, contre une somme d’argent. Autre tendance détectée par l’organisation : des cybercriminels se font passer pour Interpol afin de soutirer de l’argent à des personnes qui craignent de faire l’objet d’une enquête.

“Bien que l’opération Firstlight 2022 soit terminée, nos efforts collectifs en matière d’application de la loi se poursuivront car les infractions persistent “, insiste Duan Daqi.