La Wallonie débranche des caméras de surveillance soupçonnées d’espionnage

Les caméras de surveillance made in China dans le viseur des autorités wallonnes.

Des caméras de surveillance produites en Chine présenteraient des risques potentiels de transfert de données. En réaction, la Wallonie a débranché ces systèmes “de tout réseau ayant accès à Internet” de son territoire.

C’est en tout cas ce qu’assure Valérie De Bue dans une réponse à une question parlementaire. Les propos de la ministre de la Fonction publique ont été cités dans La Libre Belgique vendredi dernier.

Des risques d’espionnage
La Belgique compte aujourd’hui 400.000 caméras de surveillance. Parmi elles, “environ 20.000 seraient d’origine chinoise et fabriquées par l’un des deux leaders dans ce secteur d’activité, Dahua et Hickvision”, pointait du doigt le député wallon Jean-Charles Luperto. Lors d’une séance de questions adressées à la ministre de la Fonction publique Valérie De Bue, il confiait s’inquiéter de la fuite potentielle d’images vers la Chine. Et surtout, de leur exploitation “à diverses fins, comme la reconnaissance faciale ou un éventuel espionnage”.

Afin de replacer ces propos dans leur contexte, il faut savoir que ce sont les usines Hickvision et Dahua qui produisent des caméras expédiées et utilisées en Belgique. “Seul” problème, une de ces deux entreprises a développé une technologie de reconnaissance faciale controversée. Et plus particulièrement dans les persécutions des populations ouïghoures par le régime chinois. Pour rappel, dans la province de Sichuan, en Chine, la minorité musulmane ouïghoure fait l’objet d’une surveillance corsée, dotée d’un système de reconnaissance faciale.

Démantèlement des systèmes chinois
En réponse à ces inquiétudes et ces révélations, la ministre wallonne a admis que, sur les 160 bâtiments administratifs, un certain nombre avaient recours à des systèmes de vidéosurveillance… Avec plusieurs caméras provenant de ces usines. À savoir que le Département de la gestion immobilière du Service public de Wallonie (SPW) supervise la gestion de ces lieux.

Suite à ce constat, ces systèmes ont été débranchés de tout réseau ayant accès à Internet dès janvier 2021. En conséquence, “les caméras tournent donc désormais en réseau fermé”, a assuré la ministre.

Ce que dit la loi
Depuis 2007, la “loi caméras” réglemente l’usage de la vidéosurveillance du plat pays. Elle s’assure que ces dispositifs n’empiètent pas de façon excessive sur la vie privée des citoyens.

Tout d’abord, il faut savoir qu’aucune règle n’interdit l’utilisation de ces marques chinoises en Belgique. D’ailleurs, 30 % du chiffre affaire de ces usines provient de leur business avec l’Europe. Ensuite, la procédure de modernisation de la vidéosurveillance menée par le SPW “comporte une clause spécifiquement dédiée à l’éviction de matériel dont la sécurité ne serait pas optimale”, complétait Mme De Bue la semaine passée.

À savoir que, contrairement à la Belgique, les États-Unis, l’Australie ou encore les Pays-Bas ont inscrit ces deux marques du régime de Pékin sur liste noire.